Un jour, un de mes apprentis m’a demandé de lui expliquer l’ouverture magique d’un mécanisme.
Ma réponse était toujours, “il faut le vivre pour le comprendre”. Mais il était curieux et j’ai dû trouver les mots pour lui décrire.
Lorsque je souhaite ouvrir une serrure complexe ou un mécanisme de fermeture, il me suffit de me concentrer, de respirer calmement, de ralentir mon rythme cardiaque. Lorsque que je ne fais plus qu’un avec cette fraction de l’espace astral que représente ce défi, je sens au plus profond de moi une énergie parcourir mon système nerveux. Je ressens aussi tout ce qui m’entoure, comme plongé dans l’eau, ma peau perçoit toutes les micro-variations de température, d’humidité, la pression de l’air…
Mes yeux ne me servent plus, c’est mon toucher qui me permet de me représenter mentalement le mécanisme qu’il soit visible ou non.
Comment décrire cette sensation, c’est ce qu’on appelle la synesthésie. La convergence de voies sensorielles.
C’est ici que j’ai perdu l’attention de mon apprentis. Je l’avais prévenu !
Un fluide sort des pores de la paume de ma main, comme guidé par ma pensée il se structure presque mécaniquement, remplit tous les interstices du volume que je dois décoder jusqu’à produire une carte mentale.
Une fois lue et comprise, par ma simple volonté, le fluide exerce une pression sur les différents points et pivots jusqu’à débloquer le mécanisme. Il s’évapore rapidement. Je peux alors reprendre mon souffle.
Il faut le vivre pour le comprendre…